lundi 28 septembre 2015

Parinacota, 6348m !!!

Coucou tout le monde !

Chose promise, chose due, voici le récit de notre ascension du Parnacota. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut se lancer à l'assaut d'un 6000m à la journée, sans partir en expédition, en mode léger, et en amoureux ! Alors ça vaut bien un article à part entière.


Après s'être mis d'accord la veille au soir avec Amélie et Ludo, nous partageons avec eux les services du guide Mario qu'ils ont pris pour l'ascension.
Le topo est assez évident : c'est un volcan quasi-parfait, la pente est donc la même partout autour et ça se raidit en approchant du sommet. On privilégie le côté Nord qui est plus exposé au soleil donc moins enneigé et en principe moins froid. En cette saison, la fin de la période sèche approchant, le volcan est plutôt dénudé de son manteau blanc, la neige est seulement présente entre 5800m et 6100m. Ce n'est cependant pas un glacier mais une simple couche de neige de 60cm d'épaisseur au maximum.
Bref tout ça pour dire que l'équipement nécessaire est franchement léger : des vêtements chauds, des bâtons et une paire de grosses chaussures (des bonnes vieilles Koflagh décolorées, y a que ça de vrai !). Ni crampons, ni corde, ni toute la quincaillerie habituelle de haute montagne. Cool, ça nous va bien !

Côté météo, on n'a accès à aucune prévision et Mario non plus, ce sera donc un coup de poker complet... L'itinéraire est facile, on peut faire demi tour à tout moment en cas de problème, c'est donc notre "sécurité" météo. Bref, on verra bien...

La veille au soir, nous dinons à notre petite auberge, et au menu c'est soupe, steak d'alpaga, frites et la petite camomille habituelle pour terminer. Miam ! Ce n'est pas ce qu'on fait de mieux côté diététique d'avant course, mais c'est excellent pour le mental et c'est bien ce qui compte !

Réveil à 0h30, après quelques bribes de sommeil léger. On se dit forcément secrètement : "Mais pourquoi vais-je me lancer là dedans ?!? On n'est pas un peu tarés ? Mais pourquoi ???"
Réponse dans quelques heures...

On retrouve les copains et Mario et on part pour quasiment 2h de 4x4 sur des pistes chaotiques jusqu'au point de départ à 5100m. Chacun vaque à ses pensées, la nuit est belle, seulement quelques nuages sont présents mais la météo paraît correcte. Le Parinacota semble de plus en plus gros et raide au fur et à mesure qu'on s'en rapproche... Le vent est froid en arrivant, on enfile toutes nos couches, et on mange un bout avant de partir. Il est 3h30, nos cinq frontales se mettent en route à la queue leu leu dans l'obscurité.

Amélie n'est pas dans un grand jour, elle est vite victime de l'altitude, sans doute aussi d'un bon stress. Malheureusement, elle abandonne rapidement. Mario la redescend à la voiture, il nous laisse continuer et nous rattrapera. Vincent passe devant et tâche de ne pas perdre la trace du chemin qui n'est pas si évidente : sable et cailloux, tout se ressemble dans le noir.

On avance doucement (200m/h en moyenne), il fait froid. En marchant, nous parvenons à conserver une température corporelle acceptable bien que le vent commence sérieusement à nous chatouiller. On a tous les trois le ventre un peu en vrac et les jambes pas bien explosives. Chacun doute en écoutant ses sensations... Un coup d’œil sur l'altimètre à la première petite pause donne le verdict : 5450m. On n'a fait que 350m en deux petites heures... Chacun comprend que ceci ne correspond qu'au quart du dénivelé et les sensations ne sont pas excellentes. Ça s'annonce donc encore très long et dur... Ludo nous dit : "Ouh ben moi je ne pense même plus au sommet, 6000m ce serait déjà incroyable..." On doute tous les trois sans se l'avouer vraiment...

On continue, pas après pas, le jour se lève doucement, le vent se fait davantage ressentir, il fait clairement froid. Ludo en bave sérieusement, mais s'accroche, il ne va rien lâcher. Pour nous ça ne va pas trop mal, mais on redoute le mal de crâne d'altitude qui devrait nous cueillir d'un moment à l'autre.
La neige apparait vers 5800m, une bonne moitié est faite. Mais que c'est long à ce petit rythme... De plus on sait qu'en prenant davantage de hauteur on ne va que ralentir... Les sensations de haute altitude sont vraiment à part, on les découvre au fil des mètres vaincus. Au moins la règle du jeu est simple : mettre un pied devant l'autre toujours et encore, le souffle est le seul régulateur de vitesse. On pourrait appeler ce petit jeu "l'éloge de la lenteur", seules la patience et l'abnégation peuvent en venir à bout.

On arrive au niveau de la neige et de ses fameux pénitents, ces formations de neige propres à l'Amérique du Sud, qui se forment avec le vent. Il faut les casser ou les enjamber, le terrain n'est pas facile. La neige est excellente aujourd'hui et du coup on peut facilement façonner des marches, ouf !



Le soleil est maintenant bien là, le vent souffle mais n'est finalement pas si violent. Mario nous explique que c'est calme par rapport à d'habitude et qu'il ne fait pas si froid (tout est relatif...). Le ciel est plutôt bien dégagé ! On prend conscience qu'on a des conditions météo exceptionnelles ! Ça booste tout le monde, on ne va pas laisser passer une telle chance !



On atteint les 6000m et il n'y a toujours pas de mal de crâne en vue ! Ludo est dans le dur mais donne tout ce qu'il a. Céline gère bien le froid et tient un super rythme. Vincent va bien et motive la troupe ! On y croit de plus en plus, même si il reste encore un bon bout...


La vue est déjà incroyable, le Sajama se dresse au loin, on devine le côté chilien très sauvage. C'est splendide !!! Les émotions commencent à se faire ressentir...


On est maintenant dans une terre sableuse au-dessus de la neige, dans la partie finale. Déjà qu'on n'avance pas bien vite sur des bonnes marches de neige, alors dans le sable on patine sec... Les pauses se rapprochent, toutes les 20 minutes, mais chacun avance et s'accroche, c'est dans la tête plus que tout maintenant.
Vers 10h on lève la tête, une crête semble se profiler... Oui, c'est certain cette fois c'est le sommet !!! Une émotion incroyable nous gagne, des larmes incontrôlables viennent nous accompagner sur les derniers mètres ! On se retrouve tous les deux au sommet, au bord du cratère gigantesque avec ce paysage incroyable à 360° ! Wahooooo quel moment de bonheur intense !


   Vue sur le cratère

Ludo finit par arriver aussi, c'est génial d'être tous les trois en haut ! Ludo nous aura bluffés de s'être tant accroché. Et on a évidemment une pensée pour Amélie qui nous attend en bas...
Le ciel est absolument parfait, on a des conditions de rêve au sommet, on peut même y rester une vingtaine de minutes ! On peut contempler tout ce spectacle et savourer ce moment d'exception !
Le cratère enneigé plonge littéralement 200m plus bas, de vraies falaises verticales l'entourent. Impressionnant ! On domine toute la pampa parcourue ces derniers jours, le Sajama se dresse au milieu, il est tout aussi immense vu d'ici. Le côté chilien est très sauvage aussi, on voit à des dizaines de kilomètres à la ronde, mais on ne voit que très peu de trace humaine. La région est désertique, immense et encore complètement sauvage et authentique. Difficile de décrire tout ce qu'on voit et tout ce qu'on ressent, mais c'est très très fort.





La descente se fait globalement rapidement, c'est génial de descendre dans cette neige et ce sable, on a presque l'impression de faire du ski ! On savoure tout ce qu'on peut au maximum.





On finit par retrouver Amélie malheureusement bien triste à la voiture. Pas facile... Le retour véhiculé à Sajama est splendide, on a des étoiles plein la tête, heureux de ce coup parfait !
Nous tombons de fatigue au retour, une sieste s'impose après une bonne douche, on est quand même bien entamés.

Notre joie est immense, c'est sans aucun doute l'une des plus grandes émotions de tout notre voyage.
Voilà c'est pour ça que nous nous sommes réveillés ce matin, des journées comme celle-ci on en vit peu dans une vie. Voila un exemple de bonheur partagé à l'état pur !

La bise parinacotesque !


7 commentaires:

  1. Pouahh moi aussi j'ai les larmes qui montent... Magnifique moment. Vous nous manquez mais profitez encore de tous ces instants de bonheur.

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  2. Oh la la que c'est beau !! Même en regardant de haut sur google map c'est magnifique, alors en vrai... ^^
    Vous êtes vraiment courageux en tout cas. Vous allez revenir plein de globules rouges :)

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  3. beaucoup d'émotions en vous lisant et que de belles photos encore !!!! Vous avez bien raison de profiter de la vie ainsi..... la bise envieuse ;-) Béatrice Rousseaud

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  4. Excellent article ! On partage ça avec vous :-)
    Ah ça vous plait la montagne n'est ce pas?
    Par contre pas de photo de Mario?

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  5. Dire que j'étais en face au Sajama il y a plus de deux ans maintenant.... Que de souvenirs de l'altitude!!! Profitez à fond! Bises de l'Ariège! Les 4 petites gouttes

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  6. De très belles images encore une fois qui donnent envie d'aller voir sur place... et de goûter aussi aux plats!
    Bonne continuation et à bientôt
    Philippe M

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  7. Merci à tous pour vos petits messages. Beaucoup d'émotions et un magnifique souvenir... Bonne réflexion Mathias, nous avons peu de photos de Mario, aucune de qualité. Il allait trop vite, difficile de faire de beaux clichés 😉 bises à tous

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