vendredi 13 novembre 2015

Cerro Castillo sous le soleil !

Coucou les amis !

Ce jour, nous quittons la ville de Coyhaique et nous nous lançons officiellement sur la fameuse "Carretera Austral". Au cours de la quinzaine à venir, cette route va nous mener plein sud jusqu'à Villa O'Higgins aux portes de l'Argentine, au terme d'une succession d'étapes isolées.



Un peu de géographie s'impose avant tout pour cadrer le décor et situer cette route mythique. Le Chili est un pays coincé entre la cordillère des Andes et le Pacifique sur plus de 4000km du nord au sud, et sur une largeur d'est en ouest n'excédant jamais 180km. Sur cette petite bande de terre, au sud de Puerto Montt, la côte se morcèle en milliers d'îles. La cordillère abrite des glaciers gigantesques, qui plongent directement dans l'océan, ce qui rend les accès particulièrement difficiles à ces régions. Il y a encore quelques années seulement, seul l'accès par la voie maritime était envisageable, ou sinon il fallait passer en Argentine et rentrer au Chili à l'endroit escompté. Les Chiliens étaient donc tributaires de leurs voisins argentins pour se rendre dans leur propre pays. 
Le général Pinochet voyait les choses en grand et souhaitait faire du Chili un pays complètement autonome, sans dépendance avec ses voisins. Alors comme tout bon dictateur, et sans doute avec un zeste de folie des grandeurs, il a fait construire une route titanesque 100% chilienne permettant de rallier Puerto Montt aux villes plus australes jusqu'à la ville de Villa O'Higgins. Ainsi un itinéraire de 1200km est entrepris dans les années 1990 : la Carretera Austral. 

Aujourd'hui la route est construite en intégralité, le dernier tronçon pour Villa O'Higgins ayant été achevé en 1999. Seule une petite partie autour de Coyhaique est goudronnée, le reste étant de la piste, du "ripio" comme ils appellent ces pistes de tôle ondulée. Les travaux continuent encore aujourd'hui pour élargir et asphalter l'ensemble de la Carretera. Nous avons donc rejoint cette fameuse route à Coyhaique, à peu près au milieu de ce tracé mythique, et nous prévoyons d'en parcourir sa moitié sud au gré des transports aléatoires.

Nous quittons Coyhaique avec le seul bus de la journée, il nous déposera au village de Villa Cerro Castillo à 1h30 de route. La fréquentation est faible en ce moment, nous avons un mois d'avance sur la période touristique qui s'étale de décembre à mars. C'est un gros avantage côté transport, au moins ils ne sont pas encore pris d'assaut. 
Grand soleil ce matin, cette partie de route est asphaltée, alors les paysages vallonnés défilent plutôt rapidement : des champs, des prés, des lacs, les montagnes enneigées et seules quelques cabanes ici ou là. Puis un sommet tel une véritable cathédrale de rochers, de neige et de glace se dresse au loin, aucun doute, c'est le Cerro Castillo, qui culmine à 2300m ! Magnifique !

Le bus nous dépose à l'entrée du petit village de Villa Cerro Castillo et repart aussitôt. C'est un minuscule village d'une petite dizaine de rues seulement, il ne semble pas y avoir foule. Nous parvenons à nous trouver une chambre chez Juan, un bon bougre moustachu avec un béret patagon sur la tête. Comme souvent c'est sommaire, rustique, pas franchement propre, mais il y a tout ce qu'il faut : petite chambre, un accès à sa cuisine, une salle de bain à partager avec eau chaude, et on a même internet ! Nous passerons finalement de bons moments avec lui, c'est un rustre au premier abord, mais qui s’avérera fort sympathique. 
Les Chiliens sont généralement plutôt froids lors du premier contact, pas très avenants, mais une fois la conversation entamée, ils s'avèrent très chaleureux. On se souviendra longtemps de cette dame à Chiloé qui aura été une vraie maman pendant les quelques jours chez elle, ou de Lalo qui nous aura hébergés à Pucon. 


   Avec Juan


    Chez Juan


   Village de Cerro Castillo


   Village et montagne Cerro Castillo!

Nous avions repéré une randonnée visiblement exceptionnelle dans le coin, de trois à quatre jours faisant le tour du sommet Cerro Castillo. Mais la neige, encore bien présente, nous dissuade rapidement de s'engager dans un tel tour. Dommage, mais peu importe, le lieu est superbe et une simple balade sur une piste, longeant la rivière d'un bleu incroyable nous satisfait largement. Le soleil tape fort, des lièvres nous coupent la route, les chevaux et les vaches paissent tranquillement. Nous évoluons dans un calme absolu. Et sur le retour nous faisons une incroyable rencontre avec des oiseaux somptueux, des pics noirs (parajos carpinteros) se nourrissant des larves logées dans les troncs d'arbres, comme les pics verts. 








    Pics noirs

Le lendemain, le réveil sonne de bonne heure. Le soleil est toujours au rendez-vous, c'est parfait pour cette longue journée qui s'annonce. Nous décidons de crapahuter pour se rapprocher de la laguna siégeant au pied du sommet du Cerro Castillo. Nous espérons être pris en stop sur les sept premiers kilomètres de piste qui permettent d'accéder au parc national, mais malheureusement, personne ne passe. Nous poursuivons par une grimpette dans la forêt, prenons vite de la hauteur et atteignons une altitude au-delà de laquelle s'arrête la verdure. La vue se dégage petit à petit, le vent frais fait son apparition, nous nous rapprochons des glaciers et les belles immensités enneigées sont maintenant bien visibles. Le décor paraît infini. Un gros pierrier nous invite à continuer, nous progressons péniblement sur cet amas de pierres branlantes, et finissons par arriver au point culminant de cette balade, avec la surprise d'arriver au niveau du glacier du Cerro Castillo. Nous sommes vraiment sous le sommet ! 
Le décor est grandiose avec cette cathédrale de rochers et de glace au-dessus de la tête, la laguna encore gelée et enneigée et une vue à quasi 360° sur les autres sommets des alentours et la vallée en contrebas. Deux condors et d'autres rapaces nous font la surprise de passer juste au-dessus de nos têtes avant de prendre des thermiques. Nous savourons cette chance de faire cette balade sous ce soleil resplendissant...












   







    C'est le printemps, la végétation reprend ses droits !

Le retour est long, bien que plus rapide à la descente, mais nous ne trouvons pas plus de véhicule sur la piste du retour pour abréger cette trentaine de kilomètres et ces 1600m de dénivelés. Nous profitons de ce beau soleil jusqu'au bout, et, c'est sûr, nous garderons longtemps en tête les belles images de ce cadre incroyable.

La bise castillote !




1 commentaire:

  1. encore de magnifiques photos !! bonne continuation pour la fin de votre périple..... à votre retour vous allez passer du printemps à l'automne, c'est amusant.. :-) bise Béatrice Rousseaud

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